Aussi noir que la nuit [PV Avery S. Grande]

La nuit, éclairée par une lune blafarde. Le silence, à peine troublé par de légers bruits de pas. La solitude, chère à son cœur comme une amie d’enfance. Dans la lueur des réverbères, tout semblait figé. Tout était mort.

Liberté.

Pour Akuma, le cadre était parfait pour exécuter la mission qui lui avait été confiée. Tel un spectre fuyant la lumière, le démon rouge et noir filait tout droit jusqu’à son objectif, un nouveau contrat, proposé par le bras-droit d'un PDG qui n'hésitait pas à se salir les mains. Elle avait reçu carte blanche pour faire disparaître, si possible définitivement, un ancien employé qui s’immisçait un peu trop dans les affaires de son ex-patron et qui en plus se payait le luxe de coucher avec sa fille. Seul importait comment il entrerait à la morgue, c’est à dire les pieds en avant. Mais d’abord, avancer.

Ténèbres.

A pas de loup, elle se faufila jusqu’à une rangée d’immeuble un peu plus hauts que les autres avant d'enfiler son costume d'oni. Ils avaient l’air plus récents, aussi, à en juger leur apparence qui n’avait rien à voir avec ceux qu’elle venait de quitter. Elle grimpa dans un arbre, sans quitter l’abri fournit par l’obscurité. Akuma se remémora tout ce qu'elle avait appris ces derniers jours en préparant son assassinat :

1. Opérer discrètement. Comme dans toutes les missions, bien entendu, mais c’est là une absolue nécessité. Le B.A.-BA de l’assassin – autrement dit, pas d’effusions de sang, d’empreintes sur les murs ou de cris de terreur à en réveiller les morts. Même pour faire diversion. Personne ne doit savoir qu'elle a été là.

2. Ne pas passer par la porte de service, elle est constamment gardée et relayée par des gardes du corps toutes les deux heures. En revanche, elle pourra passet par une fenêtre, à la dérobée. Celle du troisième étage, la troisième du mur nord, ne sera pas fermée.

3. Éviter les caméras, mais si possible faire un peu de désordre pour faire croire à un cambriolage.

Ainsi, elle se positionna face à la fenêtre après quelques acrobaties avant de l’ouvrir sans peine et de la refermer aussitôt après être passée. Pas le moindre bruit, ni le moindre courant d’air.

Une fois à l’intérieur de la pièce, ce qui la frappa le plus n’était pas le fait qu’elle avait été richement décorée, ni même l’horrible portrait XXL qui avait été accroché en face de la fenêtre. Non, ce qui l’interpella fut l’immense désordre qui y régnait, comme si un maelström s’était généré de lui-même… Ou qu’un cambrioleur était déjà venu faire son marché.
C’est quand elle s’approcha de la porte, après avoir pris grand soin de ne toucher à rien pour ne pas faire de bruit, qu’elle sentit que quelque chose clochait pour de bon. Rien ne se passait jamais vraiment comme prévu, c’est vrai, mais cette fois-là c’était différent. Le frisson qui se manifesta le long de sa colonne vertébrale lorsqu’elle entendit un bruit étrange provenant de derrière la porte la dissuada de sortir tout de suite et la cloua presque sur place. La jeune femme colla un œil contre la serrure.

Horreur.

Non seulement l’homme avait été crucifié sur une croix disposée à l’envers, mais en plus il était complètement nu et bâillonné . A côté de lui, un individu psalmodiait quelque chose d'incompréhensible.
Face à ce spectacle, elle en resta figée de stupeur, mais ce n'était rien comparé à l'effroi qu'elle ressentit lorsque l'homme crucifié poussa un cri atroce lorsqu'il fut poignardé en plein cœur. Elle ne put s'empêcher de reculer vivement, faisant basculer par mégarde un objet. Alerté par le bruit, l'individu se précipita en dehors de la pièce et tomba nez à nez avec Akuma. Celle-ci recula aussitôt.

L'homme qui se tenait face à elle avait tout d'un boucher, tant dans son sourire cruel que dans ses vêtements et sa lame tachés de sang. La jeune femme, méconnaissable sous sa cagoule et son demi-masque d'oni, dégaina instinctivement son katana et se plaça en position de défense.

Te pète pas la gueule Avery !

Ainsi vêtue de son costume luisant au masque possédant des oreilles de lapin, Avery, ou plutôt Lumeria, s'élançait à travers les rues de New York, plongées dans la nuit. Pour tout dire, elle n'avait pas besoin de faire un si grand déplacement car elle devait se rendre dans un building au coeur de SoHo, le quartier où elle réside. Ses oreilles n'étaient pas là pour décorer, ils servent en quelque sorte d'emplacement de stockage pour tout l'électricité qu'elle accumule en courant, sinon elle finirait grillée. Toute cette électricité emmagasinée lui procurait une vitesse accrue. Le crime a frappé, et la justice va tomber ! Elle a fini par prendre goût à toutes ces escapades nocturnes et ces sauvetages de dernière minute, elle a pris goût au risque et à l'adrénaline qui ne demande qu'à couler de plus en plus abondamment dans ses veines. Mais elle devait se contrôler, car elle ne pouvait pas tout foutre en l'air, après tout elle a une vie.

Lumeria ou Pretty Spark, ce personnage qu'elle incarne la rassure. Elle se sent désormais protégée, et elle peut aussi protéger les autres. N'est-ce pas là le plus beau des cadeaux ? Tandis que la douce ondine effleure son costume étincelant dans l'obscurité, elle grimpe plutôt habilement le bâtiment avant que son attention soit attirée par un bruit provenant d'une fenêtre ouverte. Avery avait eu vent qu'un pauvre homme risquait bien de se faire écrabouiller sous les foudres d'un autre homme, et ... pas de la manière des plus jolies qu'il soit. Montrant son minois et notamment ses grandes oreilles de lapin, elle écarquille les yeux quand elle voit un homme à gerber s'approcher d'une fille inconnue avec un ... katana ... ? Eh bien dites-donc, elle n'est pas au bout de ses surprises ! Avery se glisse dans la pièce et donne un violent coup de poing à l'homme, propulsé de quelques mètres à cause de la décharge.

─ Tu connais pas les manières de gentleman le balourd ? Enfin bon, je te laisse un choix, tu essayes de m'attaquer et je te balance par le slip par la fenêtre ou bien je te signe un autographe et tu pars tranquillement en prison, alors tu choisis quoi ?

Bon, il faut aussi dire qu'Avery est plutôt espiègle, voire arrogante, mais on l'aime comme ça, non ?

Quand une femme déguisée en lapin sadomasochiste entra par la fenêtre, Akuma en resta interdite. Heureusement pour elle, son agresseur le fut tout autant.
Sans plus attendre, la jeune femme reprit ses esprits et réfléchit à toute vitesse. En dehors de la situation, ce n'était déjà pas une sinécure de se retrouver face à un homme armé et visiblement prêt à en découdre, mais là c'était le bouquet !

L'homme se précipita d'un coup sur Akuma et lui porta un coup, que la jeune femme réussit à esquiver. Elle contre-attaqua rapidement en lui donnant un coup de pied en plein sur le plexus solaire mais ce fut comme s'il n'avait rien senti, il avait à peine fait un pas en arrière. Intriguée, elle recula vivement tout en calculant les différentes possibilités qui s'offraient à elle.

Combattre ? Ce serait compliqué, surtout qu'elle ne savait pas si la Lapine serait une gêne ou non. S'enfuir ? Il n'en était pas question ! Enfin, pour le moment... L'homme risquait de vouloir la pourchasser. Seule solution : analyser. Mais si l'homme ne cessait de s'attaquer à elle, ça allait être compliqué.

Ok, peut-être qu'elle pourra être utile, finalement... Elle en vint à ce raisonnement quand elle vit ce drôle de lapin courir en cercle, sauter et asséner à l'homme un violent coup de pied.
Trop excitée, pensa t-elle quand elle l'entendit crier. Mais cela ne l'empêcherait pas d'en finir avec le meurtrier. Sans rien dire, elle se précipita vers lui, une lueur froide dans le regard. Son adversaire dévia son coup et recula à peine quand elle lui asséna plusieurs coups de pied, cette fois-ci juste en dessous des côtes. Il n'émit aucun râle, pas même un gémissement. C'était comme s'il ne ressentait rien. En revanche, ses yeux fous n'exprimaient qu'une envie : tuer.

C'est alors qu'il lança son arme droit sur Akuma, qui eu tout juste le temps de bondir sur le côté. Puis, il sortit deux bâtons courts qu'il frotta l'un contre l'autre pour laisser voir un petit arc électrique se former.

Ombres parmi les ombres, les adversaires tournoyaient, valsaient tels des amants entamant une danse meurtrière. Akuma para de nombreux coups, en reçut certains – dont un particulièrement puissant qui lui donna l’impression d’être marquée au fer rouge au niveau de la poitrine pendant l’espace d’une demi-seconde – mais elle ne parvenait pas à le toucher sérieusement, sinon très peu. A peine quelques entailles et autres éraflures, mais rien qui lui fasse cesser le combat pour de bon. Hors, il fallait qu’elle fasse vite si elle ne voulait pas se fatiguer au point de ne plus arriver à esquiver ses coups. Et elle ne pouvait pas se battre pleinement à cause de la façon de bouger de l'homme, de l’exiguïté des lieux.

Cela dit, avec le combat, elle avait presque complètement oublié la femme en costume de lapin...

(@Avery S. Grande , c'est prêt )